Quelques poèmes épars
Archipel de hauts ksour ...Sur la dune soyeuse
Où l’insecte a laissé une infime graphie,
L’aube avec l’ombre, au bord du monde, est connivence :
Glyphe diffus, toujours
Bleui de crépuscule, amplifié de nimbes Grande MosquéeOubli des jours pétris de chair que parfois hante
La sainte nostalgie de se fondre au secret
D'une mosquée d'ombre et fraîcheur où se parfume
L'âme aux Signes du Livre, en présence de Lui . JumellesJumelles, sur l'azur elles fument debout,
Annelées de fournaise noire,
Cernées de rougeoyants remous,
Occultées d'une sombre gloire:
Tout l'humain en stupeur muette se résout. KsarUn ksar aux lignes de noblesse,
Près du fleuve reptile effleuré par l'oiseau,
Veille l'onde au fil des séguias, furtive et somptueuse hôtesse,
Sous l'allusif murmure des roseaux. L'empire de la nuitL'empire de la nuit
Se pose sur l'exil de l'âme, familière
Des sombres plis de l'erg, orientée
Vers ces limbes de vent et silice où cheminent
Les nomades voilés La petite juive deboutLa petite juive debout
Vacillant sur un socle mou dans l’immense fosse commune
Investie d’uniformes noirs,
Suppliant de tous ses bras minces,
De son visage sans un mot … Le profond, l’impostureLe profond, l’imposture, ils n’en prennent souci.
Dans l’exil des faubourgs sans charrues ni vendanges,
Ils bougent de l’Ecran à l’Usine, et louangent
Les chanteurs-histrions : leurs feintises, leurs scies ! Ma lampe sonde avantMa lampe sonde avant le jour la feuille blanche.
Le silence investit l’intime et le prochain …
Dans l’âme sourd, alors que le songe s’éteint,
Ce dire antérieur au dire … Je me penche Mémorial de MeknèsJe m’en vais vers mes profondeurs,
Dans la noblesse de ma ville
Hélée aux heures saintes par les voix muezzines
Vers l’ablution et le salut ; Mémorial pour les charniersLes peuples que supprime
Hier une joie fauve et pieuse en raison
De l’Autre refusé pour la gloire du Même,
Me lèguent l’ombre de leurs noms flammés par un meurtre aveuglant. MidiNon, ce n’est plus, comme au temps vierge
Quand l’océan, sous le regard
Du firmament, retirait son emprise
Des continents mis à nu, de laisses jonchés Pour les enfants de PalestinePour les enfants de Palestine
Qui ne prendront jamais l’essor,
Le jour se penche sur les ruines,
La nuit s’incline sur les morts. Pour MagdalaC’est l’heure livide où chardons
Et lis sur les monts se confondent,
Où l’obscure fraîcheur du monde
Subjugue l’âme à l’abandon. Sa robe nuptialeSa robe nuptiale
Revêt mon souvenir …
La ville impériale
S’ouvrait sur l’avenir … Tu sors, un matinTu sors, un matin du vieil août,
Dans la brume, fraîcheur d'automne :
Un soleil jaune sourd rayonne, enseveli,
D'un amas de nuées : troupeaux, troupeaux d'orages
Qu’un grand souffle harcèle ! Vieil hommeVers les collines – ce lointain
Veiné de brume et de mémoire –
Laissant l'empire du regard recouvrir les bois assombris
De mélancolie millénaire,