Non, ce n’est plus, comme au temps vierge
Quand l’océan, sous le regard
Du firmament, retirait son emprise
Des continents mis à nu, de laisses jonchés,
Une foule Ă©perdue de fortes lames
RĂ©vulsant leurs yeux blancs
Et crachant sur des archipels enneigés d’écume sauvage
Leurs proférations,
Mais l’heure de beauté bleu ivre,
Le jour vaste et profond, la mer dont la rumeur
Est sérénité qui scintille,
La mer crevassée d’argent vif
Par le soleil, la grande mer éléphantine ! …
Et planent comme oiseaux de beaux temps, des rapaces
Très haut, à fleur d’azur, dans l’éblouissement
Du zénith, à la cime infinie du ciel ; et la houle,
Caressant l’écueil endormi,
Murmure un chant grave de conque
Vers les anses de sable aux franges de granit,
Sans trêve se récite
Une mouvante, une paisible éternité,
Dans le pur moment des paupières
Qui se ferment, frôlées
Suavement par les colombes du silence,
Tandis qu’au loin, dans un vertige bleu et or
DĂ©ployant sa joie de louange
Un coq subit se hisse qui dédie
A midi son cri Ă©carlate !
Et l’envergure de l’Esprit
Frisonnes sur une onde immense …
Extrait de « Sanctuaires »
Carbinica, 1967