l'Odyssée Immobile
Voici la liste des poèmes qui composent son œuvre, ou plus exactement le plan de celle-ci. En effet, Toussaint découvre, lorsqu'il a vingt ans, que ses poèmes s'inscrivent d'eux-mêmes dans un ensemble universel ; bien qu'il ait écarté de nombreux poèmes, ils en faisaient cependant partie ; d'autres plus élaborés les ont remplacés, qui se sont inscrits, eux aussi, dans l'ODYSSÉE IMMOBILE, comme le fait une constellation qui englobe, lors de leurs découvertes, de nouvelles étoiles.
ODYSSÉE IMMOBILE,
ou L'unitive métamorphose.
I- CONSTELLATIONS INITIALES
|
|
Avant-poème |
Liminaire : |
Merveilles
Ammon noir
Prométhée
Évangéliques
L'Usine
La Chimère et le Crime |
Intérieures : |
Inactuelles
… Des silences du soir
Archipel de mémoire
Tous miroirs déployés |
Cantiques de la volupté : |
Variations pour l'Aimée
Dans la lumière de l'Eden
Solsticielles
L'Orbe et le Sceptre
Cantique du grand saule
Poèmes pour l'Aimée
Insulaire
Tombeau pour une enfant perdue
Le Tigre
Pèlerin vers l'Unique
Aimer ensemble
Exode vers l'Intérieur |
II - CONSTELLATION DES AUTRES MONDES
|
|
Liminaire : |
L'Initié
Liberté noire
Colombu de la Corsitude
Pasquale Paoli
Chant profond pour une Ile
Toussaint Louverture
Zoreille
Guadeloupe, mon exil
Ghettos d'un nouveau monde
Prince noir
Le Taureau
Shangô
L'Indien sur le versant ombreux de ma mémoire
Infinie Palestine
Une ville naguère
Pour un prince
Royaume du couchant extrême
Ghazals
La patrie perdue
Pour une flûte marocaine
Mémorial de Meknès
Diwan Maghribin
Villes dans le respir du Miséricordieux
Mausolée de Mohamed V
Tombeau d'Abd el Kader
Pour une fille de harki
Le Prophète
Gange
Tibet
Ce pape au souffle planétaire
Le mendiant
Ulysse maghrébin |
III- CONSTELLATIONS D'UN NOUVEL AGE
|
|
Liminaire : |
L'Immuable
Sanctuaires
Cantate des grands arbres
Genèses
Naissances
Les Amants et la mer
Pénélope et les îles
Le Griot
Procession du prince
Anaphores
L'Ange de l'œuvre
L'Un
Le Fou de Dieu
Totémiques
Chemins
Le Rosaire des Noms divins
Le Pèlerin
Quatuor de l'âme
Un collier pour l'Unique
Anamnèse
Élégie du Levant |
D'ABRAHAM : |
|
Ménorah de l'Exil
Où se trouve le corps les vautours se rassemblent
Au chevet de l'Apôtre
Assomption
Miroirs pour le Prophète
Itinéraires vers le Jour
L'Un parmi Ses miroirs
Mausolée de lumière |
Final : HOMME DE PROUE |
- Naissances
- Initiales
- Ce littoral aux iles
- Au visage du monde
- Miennes les choses
- Mâtures
- Océanes
- Grands fonds
- Vers une Sœur
- Croissances
- Dans l'anneau d'un rempart
- J'ai vécu, voyageur du songe
- Une voix proférait dans la conque de l'âme
- Désert
- Traversée
- Déserté l'hier
- Hommes de palmeraie
- L'école des tamaris
- Secrets sans visage
- Le désert sans un mot
- Au pays minéral
- Sous un heaume d'étoffe
- Murmuré par les astres
- La grande escale
- Ce délire limpide
- Le temps est puissance de femme
- Estuaire de l'Occident
- La péninsule sans mesure
- Le plaisir pur d'être présent
- Matin dépatrié
- Ainsi le hongre
- Pérégrin dans l'usine
- A ma gauche le Noir
- A ma droite l'Arabe
- Murmure du haineux
- Le grand désespoir blanc
- Royaume noir
- L'Enfance hiératique
- Superbe de vivant debout à son beaupré
- Brigantine cambrée
- Au-devant du Silence
- Le chanteur aux yeux blancs
- Sagesse de la mort
- Vers la source pérenne
- Orienté vers celle qui m'attend
- La Souveraine
- Cette face d'aube plissée
- L'enfant mort et la Vierge
- Le souverain langé de bleu
- Marie se souvenant
- Pérégrin vers les sanctuaires
- « Dans le calme de nos puissances »
- L'Orient, sa diffuse rougeur
- L'Enivré modulant son haut cri
- L'aube se ressaisit
- Vers l'orient de l'Eveillé
- Terre haute au lointain
- Possesseur d'un regard hors patrie
- Homme au songe cosmique
- Je me sais véridique
- Mon âme reconnue
- Je ne songe à frôler d'une paume profane
- Un Nom grave prélude
- Une Ile abrupte m'environne
- La clarté que l'être aspire
- J'évoque l'Ennobli
- L'Ultime Sanctuaire
- De cette bête à haine aiguë gîtée dans l'homme, vers sa lumière, notre part
- Mémorial pour les charniers
- Vers l'amitié du Longanime
à la date du 30-09-2009 l'ensemble dépassait 100 000 vers |
Le vaste poème que voici, pressenti, entrevu et commencé en 1955, à Meknès (Maroc), sous le titre premier de « Testament de l'Occident » s'est transformé par la suite en « Odyssée immobile ».
Il est possible d'éclairer ce voyage en se référant au « Récit de l'Archange empourpré », œuvre majeure d'Henry Corbin (cf. L'Archange empourpré, page 193, Fayard, 1976) ; Henry Corbin, « pèlerin de l'Occident » - comme l'écrit Daryush Shayegan dans son ouvrage : « Qu'est-ce qu'une révolution religieuse ? » - y évoque longuement la Sîmorgh, oiseau mystérieux, symbole de l'Ange-Esprit-Saint, dans la grande épopée mystique : « Le Langage des oiseaux » de Attar, poète persan du XIIème siècle.
L'étrange oiseau « vole, tout en étant immobile … prend son essor, sans qu'il y ait de distance … se rapproche sans qu'il y ait d'intervalle. Toutes les teintes sont en lui, mais lui-même n'a pas de couleur … » (Henry Corbin, « En Islam iranien », Gallimard 1971, page 232).
L'œuvre ici proposée a le sens d'un parcours initiatique au long de civilisations diverses « vues en éveil et en songe », à même le devenir et la relative permanence du monde, d'un itinéraire docile, dans la contemplation active et la louange inspirée, au vouloir de l'Esprit-Souffle qui hausse l'âme, des signes apparents du Créateur vers l'Irrévélé qui Se dissimule dans Ses merveilles épiphanes, du Royaume épars des choses et des êtres vers la splendeur du Roi, du plus obscur et plus mouvant du moi vers l'Un immobile et limpide.
« Si loin et si longtemps que tu ailles, c'est au point de départ que tu arriveras de nouveau ».
Le retour culmine sur le haut lieu de l'origine où se retrouve, rassemblé, le moi le plus spirituel.
T.M.S.
« Car toutes choses sont en nous sous le mode de l'âme et par là nous sommes faits pour tout connaître en éveillant les puissances qui sont en nous et les images de la totalité des êtres ».
In Platonis Théolagiam I 3, Proclus.
« C'est en se voyant elle-même et en se déroulant elle-même que l'âme connaît toutes choses sans jamais s'écarter de sa propre puissance. Car pour voir les êtres elle n'a pas besoin de courir ailleurs, mais de se penser elle-même ».
In Timaeum, II 296, 14-18. Proclus
« Omne verum, a quocumque dicitur, a Spiritu Sancto est » : toute vérité, peu importe de qui elle vient, est du Saint-Esprit.
Ambrosiaster
« On peut dire en toute vérité avec Saint Irénée : Ubi Ecclesia, ibi Spiritus … ; mais il ne serait pas vrai de dire que l'Esprit n'est pas là où n'est pas l'Eglise. Les opérations de l'Esprit-Saint n'ont jamais cessé de pénétrer toute la race humaine depuis son origine, et elles sont présentement en pleine vigueur, même parmi ceux qui sont hors de l'Eglise . »
La mission du Saint-Esprit. Cardinal Manning
« Dieu est beau, et il aime la beauté . »
Recueil de hadith de Muslim, iman 147
« Quiconque s'est familiarisé avec Dieu, se familiarise avec toute chose belle, tout visage gracieux, toute voix agréable, tout parfum suave . »
Le jasmin des fidèles d'amour. Ruzbehan de Shiraz
« A quelque degré de l'être que se manifeste l'Éros, que ce soit l'amour des choses sensibles ou des réalités spirituelles, l'amour en soi-même ne mérite que louange, car l'amour physique est la voie qui mène à l'amour spirituel, et l'amour spirituel est la voie qui mène à l'amour divin. Les fardeaux de l'amour divin ne peuvent être entraînés que par cette monture, et le breuvage de pureté qui est la Beauté archétype à l'état pur, ne peut être goûté qu'à cette coupe d'allégresse. Ces trois essences (amour humain, spirituel, divin) sont en perpétuel mouvement vers la Source primordiale. »
Le jardin des fidèles d'amour. Ruzbehan de Shiraz
« Prenez des joies exceptionnelles, celles de l'artiste qui a réalisé sa pensée, celle du savant qui a découvert ou inventé. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu'ils tirent leurs joies les plus vives de l'admiration qu'ils inspirent. Erreur profonde ! On tient à l'éloge et aux honneurs dans l'exacte mesure où l'on n'est pas sûr d'avoir réussi. Il y a de la modestie au fond de la vanité. C'est pour se rassurer qu'on cherche l'approbation, et c'est pour soutenir la vitalité peut-être insuffisante de son œuvre qu'on voudrait l'entourer de la chaude admiration des hommes, comme on met dans du coton l'enfant né avant terme. Mais celui qui est sûr, absolument sûr, d'avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n'a plus que faire de l'éloge et se sent au-dessus de la gloire, parce qu'il est créateur, parce qu'il le sait, et parce que la joie qu'il en éprouve est une joie divine. »
Henri Bergson, l'Energie spirituelle, p.u.f. p. 23,24.