L'empire de la nuit
Se pose sur l'exil de l'âme, familière
Des sombres plis de l'erg, orientée
Vers ces limbes de vent et silice où cheminent
Les nomades voilés
D'absence et de superbe :
Sur les rives dont l'homme aspire la douceur,
L'hymne silencieux des astres
Par le chant fastueux des crapauds réfléchi...
Se recueillent Rigel, Bételgeuse, à la source
Bleuie du souvenir :
Veilleurs d'une ombre embaumée de clémence ...
Peut-être suis-je, auprès de ces donjons
Du grand Sud drapés de ténèbres,
Sous les meurtrières serties dans le pisé d'un rouge sourd
Où frissonnent les feux des lampes à carbure,
Le seul vivant aux yeux de veille et dont l'écoute humble est penchée
Sur la louange murmurée par les eaux vives,
L'inoublieux, profond plus que l'onde frôlée
Par la lune au regard affectueux d'aïeule,
Plus que le dôme noir
Magnifié par la splendeur unanime des nébuleuses ...
Extrait de « Une même fontaine », dans « Les silences du soir ».