C’est l’heure livide où chardons
Et lis sur les monts se confondent,
Où l’obscure fraîcheur du monde
Subjugue l’âme à l’abandon.
C’est l’heure précaire où chavire
La détresse vers le remords,
Où l’odeur sombre de la mort
Surmonte celle de la myrrhe.
C’est l’heure du sépulcre seul
Sauf une femme où surabonde
Un silence aux larmes profondes
Qui ne reflètent qu’un linceul.
C’est l’heure où, penchée sous la brise
Crépusculaire, l’affligée
Dans l’ombre où fut Jésus figé
Perçoit deux blancheurs d’ange assises.
C’est l’heure d’une aube endeuillée
Où l’âme aux paupières confuses
Sur le Messie proche s’abuse
Et le prend pour le jardinier.
C’est l’heure où Marie sur les paumes
Encor de stigmates pourprées
Découvre – son nom murmuré –
La transparence du Royaume.